Genèse

«La Vida Real signifie littéralement en Français La Vraie Vie, peut être qu’inconsciemment j’ai nommé ce projet sur un mensonge, sur de fausses idées et sur une méconnaissance de ma propre existence originelle qui est implicitement liée à l’histoire du pays, instable, complexe et en perpétuelle évolution ou rétrocession, Un pays enlisé dans un conflit qui perdure depuis plus d’un demi siècle aux yeux du monde, ponctué de cesser de feux et processus de paix, avec comme toile de fond, des idéologies socio-politiques divergentes, des injustices sociales, des ingérences étrangères? et des luttes pour des contrôles de territoires sanglants.

Conflits alimentés par une logique fondée sur l’argent, l’extorsion, la terreur, la répression et bien sûr comme ombre tentaculaire, le narco-trafic et l’extraction de minerais qui créés de véritables cartels criminels modernes et organisés, que l’on peut appeler de «Mafias».
Cette histoire de la violence écrite communément par différents groupes et acteurs a une conséquence direct sur la vie quotidienne de ce peuple latino-americain courageux, déstabilisant du haut en bas de bas en haut, les stratifications sociales, ethniques, judiciaires et économiques de la société Colombienne
Donc en connaissance de cause et analysant des bribes de l’histoire du pays devrais-je faire une recherche
historique de mon existence? Ou bien une recherche culturelle, basée sur une immersion pérenne dans la
société Colombienne, serait elle plus appropriée,? Et suffira à répondre à mes interrogations et tarire l’envie
de reconstruire une identité volée?

C’est ainsi que 26 ans après mon départ du pays, que je qualifierais de déracinement culturel, de déchirement sentimental et de fragmentation de mes repères primaires, dû à mes souvenirs d’enfants toujours biens présents dans ma mémoire, que je reviens sur le sol Sud Américain pour une période indéterminée, mais dans un but précis. Terre latine de Colombie qui m’a vu me lever pour la première fois sur mes deux jambes, il y a plus de 28 ans déjà, afin d’explorer les rues de mon dernier foyer d’accueil, jouer avec les enfants dans la rue du quartier, de Adela, Adela, ma mère de substitution que je réclamais par «Mami, caricia!».

En effet selon l’ICBF et les informations issues du dossier daté du 27 février 1990 réalisé à Bogota, je m’appelle Rodrigo Gonzales, et ma vie a commencé durant l’année 1988 en Colombie en funambule sur l’équateur, entre Puerto Santander en Amazonie et Villavicencio dans les plaines humides, les Llanos, les autorités l’ignorent, les autorités n’arrivent pas à tomber d’accord? ou les autorités me le cachent? Quoi qu’il en soit ces deux localités sont séparées de 600km et cette erreur sur mes papiers d’identités peut cacher les vagues migratoires survenus au sein du pays même. Deux territoires pouvant donner fièrement mes racines indigènes et, ou un héritage multi-ethnique, en soi, un visage universel! Je suis donc né, a une date inconnue, en lieu inconnu, de parents inconnus ou presque, abandonné par une dame qui se serait enregistrée sous le nom de Luz Dary Gonzales et placé dans un landau dans une chambre d’un hôtel miteux calle 38. Puis re(trouvé) par une bien nommée Ana Fuentes Matias qui s’est présentée le 19 avril 1989 au Centre Zonal n°2, où ils m’ont calculé un âge de 7 à 8 mois, je présentais alors une mauvaise apparence et de l’apathie. Aucun parent ne s’est présenté pour me réclamer. On ne connaît donc pas les antécédents socio-familiaux.


Malgré ce possible début de vie compliqué, l’ICBF mentionne que je m’adapte facilement aux personnes, me qualifiant d’éveillé et intelligent et c’est en arrivant en France en 1992, que j’ai du faire appel à ces qualités supposées.

Surtout dans ce décalage et l’imprégnation de cette nouvelle vie que me l’on impose. Alors que je suis
adopté par une famille qui prône une éducation conservatrice-catholique, résolument occidentalle, et noyé
dans un environnement socio-culturel (extrêmement) favorisé qu’est Marcq en Baroeul. Je garde sous mes
paupières mes souvenirs intacts de jeux dénudés et pieds nus sur l’asphalte chaud, l’odeur du maïs, poissons grillés et empanadas,de la longue chevelure sombre et ondulée d’Adela en robe rouge et des rayons d’or du soleil des llanos tombant sur le rio Guatiquia en fin de journée.

Pour moi la Colombie se résume donc en des moments remplis de joie, de découvertes et d’explorations dans les barrios pauvres, éloignés de l’image et culture cinématographique Holywoodienne relayée par tous les médias du globe et résumée en une sainte devise «Farc, Narcotrafic et Pablo Escobar».


C’est donc rempli d’espoir et de détermination que je reviens me ré-enraciner sur mes terres et j’ai choisi
la ville de Medellin pour le faire, pour retranscrire et défendre «une Colombie et un peuple». Nous l’ignorons
mais en Colombie, c’est la ville de la transformation, la ville où il fait bon de vivre, surnommée la ville
de l’éternel printemps. Elle est exemplaire sur le continent sud-Americain et inspire tant d’autres jusqu’en
Europe, par ses infrastructures régaliennes, commerciales, économiques, ses initiatives culturelles, sociales,
artistiques, écologiques et technologiques, en somme, par l’énergie déployée pour une reconstruction identitaire, idéologique après des années d’obscurantisme et de violence. Au point de faire perdre son latin au Wall Street Journal, célèbre quotidien Americain qui traite de l’actualité économique et financière avec un angle conservateur, en l’élisant la ville la «Plus innovante»en 2014 devant Tel Aviv et New York.

Alors quel meilleur exemple? De prendre en muse, cette ville qui fascine anciennes et nouvelles générations, incarnant ce mal qui ronge le pays tout en mysticisme et ignorance. Avec comme paroxysme cette idée du Mal, ancrée dans toutes les consciences et magistralement mis en scène par Netflix, la série Narcos! Une apologie du Narco-traffic et de la violence urbaine où El patron et son cartel semble nourrir tous les fanstames encore 25 ans après sa mort, ici en occident. Un bar en a d’ailleurs fait son fond de commerce et s’est ouvert sur Paris, provoquant émois et colère de la communauté Colombienne en France,. Et hier encore, sur Marseille, je suis passé devant un chichalounge au nom évocateur de «Medellin». Fantasmagorique donc, en décalage avec le présent.


Cette série Américaine influante sous une marque qu’est le géant américain Netflix témoigne un effet de tendance, et de folklore autour de l’histoire de la ville de Medellin. On s’y perd à mi chemin entre fiction, mythe et réalité. Et on obeserve depuis, les jeunes des quartiers défavorisés ou non, en faire sans complexes, une icône et arborent fièrement des casquettes et T-shirt à son éffigie. Quand leurs artistes préférés de la musique urbaine s’approprie une culture de la rue propre à la Colombie dans leur clip video voire se déplace sur ses traces comme une procession religieuse pour mettre en images leurs textes. Pablo! Une entrée dans la «Popculture» en grande pompes!


Dans ce contexte j’utilise la photographie afin de me ré-approprier les sujets de société qui composent notre génération et déconstruire certains mythes que la dictature de l’image à imposé dans notre pensée collective.

Par une photographie nous pouvons résumer une histoire, qui nous aura demandé 3 pages pour la retranscrire au stylo et par 3 pages de photographies nous pouvons résumer toute une époque.
L’image a toujours été présente dans mon existence, elle s’est d’abord déguisée par le dessin, la peinture y
compris par l’écriture où j’aime utiliser de métaphores et l’univers de l’imagerie, d’user d’un certain réalisme
magique (cf: Gabriel Garcia Marquez) et d’arrondir les angles (cf: Botero).

Mais son meilleur déguisement semble être un boitier noir autour du cou, la photographie est venue à moi
comme une pétale de rose se posant délicatement sur mon bras.
L’image façonne la perception de notre société jusqu’à notre propre identité, elle est partout, à tous moments, véhiculée sur tous les supports matériels et immatériels. Nous vivons dans une époque où l’image de l’autre, où l’image de soi où l’image d’un ensemble est au centre de l’attention, des critiques et des jugements, qui peuvent donc influencer les réflexions et décisions, fractures et rassemblent les opinions. L’image peut être une arme de distraction et/ou de destruction silencieuse selon la manière dont elle est utilisée et diffusée. Elle est pernicieuse, c’est pour ça, je pense qu’on lui accorde inconsciemment une valeur inestimable.


Le choix de la photographie pour raconter mon pays natal n’est donc pas anodin dans une société moderne où elle est maitresse de la pensée, je l’utilise pour déconstruire une certaine société où la dictature de l’image est reine, et a véritablement le pouvoir d’alimenter, véhiculer voire tromper les opinions et réflexions de chacun.


Dans une société où les bouleversements idéologiques et communautaires divisent et dominent notre
civilisation. Dans une société en proie aux crises sociales, dérèglements climatiques mise en exergue par le
réchauffement et l’effondrement de la biodiversité.»

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