Yolanda part II

Nouvelle


Barrio El Paraiso I,
En dessous du palmier dépouillé de ses feuilles par le vent violent, vous pouvez voir des poules qui picorent dans ce qu’il reste de leur enclos, elles cherchent des insectes invisibles à l’œil nu, tout en grattant cette terre ocre,qui m’a vu naître. Un coq que j’ai surnommé Arroyo surveille cette harem qui s’est approprié sans jamais en avoir profiter. Tel un lion, les pattes solidement ancrées sur le capot de cette voiture garée devant chez moi, qui ne roule plus depuis bien longtemps, sale cabossée et griffée par les doigts et fientes du galliforme. Arroyo, que je rêve de voir finir en sancocho, répond à chaque « aguacate maduro, aguacate maduro » du vendeur ambulant. Un marchand d’avocat dont je ne connais ni le nom, ni l’âge et jamais goûté à sa marchandise. Ce qui est sûr c’est que je le vois tous les jours, partir au loin au travail avec sa casquette aux couleurs du Junior. Un anciano, il nous assure depuis 10 ans qu’il a 60 ans avec son sourire édenté. Mais mon pauvre malheureux, je lui en donnerai 20 de plus, la peau tellement craquelée par le soleil, le dos courbé par l’effort répétitif, les yeux plissés par la lumière (en réalité il a 70 ans printemps). A l’heure de partir au travail, j’ouvrirais mon portail grinçant et rouillé par les saisons des pluies que connaît ma région, un portail tout aussi solide qu’une toile araignée, me demandant même si les toiles d’araignées qui recouvrent ses barreaux sont plus dissuasives.


Mais avant toute chose, aux aurores, devant la glace de ma salle de bain…Enfin sur le lavabo attenant à ma cuisinière dans l’angle gauche, qui elle, est attenante à notre lit le long du mur, qui lui, sert de cale porte d’entrée et à la fois de fauteuils pour regarder la télévision lorsqu’on mange sur notre table basse…Servant elle même de table à repasser ou à langer pour Carlito. Bien! Dans ce 9m², je dois me faire la plus belle! Démêler, brosser et coiffer cette tignasse avec les multitudes de crèmes et lotions qui puissent exister ici bas, afin que mon turban puisse bien tenir tout au long de la journée. Puis j’appliquerais une toute autre gamme de maquillages et produits cosmétiques. Quelles crèmes me diriez vous pour mon teint, n’est ce pas? en soi « des crèmes qui sentent bons » dont je ne connais ni l’utilisation ni leurs vertus. Tant que ma peau sent bon! C’est le principal! Je pourrais ainsi rivaliser avec les plus reines de beauté qui me concurrenceront au centre ville! Enfin je mettrais aujourd’hui une de mes robes colorées préférées, que j’ai repassé parfaitement hier en pensant à demain et pour couronner ma tête, une panière encore vide, que je remplirais sur le chemin en fredonnant « Los caminos de la vida, no son como yo pensaba como los imaginaba, no son como yo creía! Los caminos de la vida, son muy difícil de andarlos, difícil de caminarlos y no encuentro la salida! Yo pensaba que la vida era distinta cuando estaba pequeñito yo creía que las cosas eran fácil como ayer »


Il est 6h30 du matin et je dois partir au travail, je referme délicatement mon portail grinçant et rouillé par les saisons des pluies que connaît ma région. Je me regarde une dernière fois dans le rétroviseur de la voiture souillée et je vois déjà mon premier bus arriver en trombe, il me déposera pour prendre un autre et ainsi de suite jusqu’au marché de Bazurto.

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